Je suis interviewé

Interview de moi par Lisa Viart le 8 décembre 2019

L – Je voulais te poser quelques questions au sujet de la composition, tout ça, ça m’intéresserait beaucoup d’en parler un peu avec toi, si tu veux bien, bien sûr.

V – Avec plaisir, je t’écoute !

L – Depuis quand composes-tu ?

V – Je compose officiellement depuis mes onze, douze ans, soit fin 2015, début 2016, mais c’était vraiment des trucs basiques, à l’origine. Quand je dis « trucs basiques », j’entends par là une suite d’arpèges qui montent et qui descendent de manière très géométrique, ou alors une harmonie très répétitive à la main gauche, avec un ou deux accords maximum.

L – Qu’est-ce qui t’inspire généralement ?

V – Bonne question, haha ! Le plus souvent, c’est en improvisant que je trouve des motifs chouettes. Parfois je tombe sur une fausse note, et je me dis « oh, elle n’est pas si fausse que ça, en fait ! » et j’en fais une musique… Il m’arrive aussi de m’inspirer de la musique d’un film que je viens de voir, ou de quelque chose de beau (ou pas !) que j’ai déjà entendu avant. Il y a quelques temps encore, j’étais fasciné par les accords diminués, maintenant ce sont les augmentés sur lesquels je travaille… Bref, plus j’apprends en musique, plus je trouve des sources d’inspiration ! Quand j’arrive à bout d’inspiration, je me dis que sans doute je n’ai pas fait assez de musique, alors je repars bosser des morceaux connus, je les arrange, réarrange, etc., jusqu’à trouver quelque chose qui vienne vraiment de moi – en tout cas, quelque chose d’assez différent de ce que font les autres.

L – Est-ce que tu écris ce que tu composes ?

V – Pas toujours, j’écris ce qui me plaît. Mais le plus énervant, c’est bien ce moment où tu sifflotes un truc super dans ton lit la nuit, et que tu te dis « je le noterai plus tard, je dors, là… » et que le lendemain, tu ne t’en souviennes plus. C’est rageant, ça ! (Rires.) Mais dans ce cas, rien ne sert de s’inquiéter, tout finit par nous revenir d’une manière ou d’une autre (et souvent aux moments où on s’y attend le moins…) !

L – Est-ce que ça t’arrive d’avoir des moments où tu n’as plus d’inspiration ?

V – Évidemment ! Pratiquement tout le temps, même, et comme tout compositeur qui se respecte. Même des dieux de la musique comme Chopin ont dû connaître au moins une période de latence dans leur travail. En fait, je pense qu’on n’est jamais vraiment en manque d’inspiration, mais plutôt que l’inspiration est toujours quelque part, mais qu’elle nous apporte des choses qui ne nous plaisent pas, et que l’on oublie vite pour cette raison. D’ailleurs, le cas complètement à part de Wolfgang Amadeus Mozart me laisse imaginer que ce compositeur a dû avoir assez de génie (et de pratique !) pour pouvoir développer des motifs qu’il n’aimait pas. Ainsi, il ne se limitait pas à un style particulier, et il n’était jamais en « manque » d’inspiration. Résultat : il a réussi à produire une œuvre à la fois colossale et extrêmement variée, que tout le monde apprécie au moins en partie. Il peut donc accéder à un succès et une reconnaissance résistant aux épreuves du temps !

L – Comment sais-tu quand un morceau est terminé, ou bien quand il est bien et que tu le gardes ? J’ai tendance à commencer plein de petits trucs, puis à me dire que c’est nul et à les oublier…

V – Mais moi aussi, je fais pareil ! Selon moi, pour pouvoir développer à fond un motif, il faut d’abord qu’il te plaise vraiment. C’est obligé. Sans que quelque chose ne me plaise suffisamment, je n’ai ni l’envie, ni les idées pour le développer.

L – Merci beaucoup !

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